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02/08/2010

Esca (escae maximae esse*)

Escapade. Cela aurait pu être le Duke, une semaine plus tard, de l'autre côté de l'Amérique. Un joli souvenir. Los Angeles est une figure emblématique de l'époque pour laquelle j'ai un attachement particulier : on ne sait plus très bien lequel l'emporte du réel ou de son double. Mais, la côte Pacifique, c'est une incitation permanente à l'aventure, tandis qu'à New York on joue à domicile. Moins cool peut-être, mais aussi moins court. Escarmouche.

Non, quoiqu'un peu en avance sur le calendrier, le dîner chez Esca ferait, cette année, un très bon premier anniversaire. L'intérieur, chic, sobre et climatisé, est un refuge américain - autant dire un frigo accueillant par plus de 30°. On opte pour le jardin-terrasse aéré, presque luxuriant, à l'angle de la 43ème et de la 9ème avenue. Un rêve d'escarpolette. Oasis protégée ? Une fois que les pompiers sont passés, comme chaque soir, visiter en grandes pompes une des personnes âgées faisant une syncope dans l'immeuble du dessus (habité de fait par d'anciens locataires bénéficiant de loyers avantageux, du type loi 1948 à Paris) : oui. Escabeau.

Ici, on savoure la cuisine rustique de poissons et de fruits de mer d'origine napolitaine de Mario Batali. Menu dégustation pour l'occasion. Ça démarre avec une poignée de sashimis "extra crudo", vivaneau et maquereau - chair fraîche et ferme - avec une coupe de Prosecco (Flor, NV, Veneto). A suivre : Vongole al Forno, des moules au four dans une préparation de bacon et d'épices, sur un Kerner (Köfererhof 2008, Alto Adige) : escamotable.

On rentre bientôt dans le vif du sujet avec les Maccheroni alla Chittara, des spaghettis maison, un peu épais, parfaitement cuits dans une farce légère d'ourcin et de chair de crabe. Marin en diable, avec le parti pris là-dessus d'un rosé de Campanie (Aglianico Albarosa, Cantine del Taburno, 2009). Escalade. Puis, des Capesante - des Saint-Jacques avec une préparation de légumes méditerranéens et servies sur un rouge, un magnifique Vino Nobile di Montepulciano (Casale Daviddi, 2006, Toscana). Plus convenu.

Vient un saumon royal de la Yukon River dans une préparation à base de figues et de cresson, accompagné d'un Barolo Arborina (Renato Corino 2003, Piemonte). Pourquoi pas. Un peu de ricotta avec un filet de miel - un souvenir dévoyé de la conquête normande sans doute -, puis un assortiment de desserts servi avec un Moscato d'Asti (Saracco, Piemonte). Un' espresso. Escampette.

On reste sur un bon moment, qui le doit autant au spot qu'aux fourneaux. Un brin surcoté. Finalement, le plus dur en rentrant, ce ne sont pas les Pouilles, ce sont les marches. D'escaliers.

Rescapés.

 

(*) "Etre un grand mangeur". La formule est de Plaute.

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15/20 pour ce restaurant un peu trop cher pour ce qu'il est chic (pour une expérience gastronomique supérieure dans un registre similaire mais mieux maîtrisé, on reparlera de Falai). Rien n'oblige toutefois à opter pour le Tasting Menu et, intérieur ou extérieur, le lieu vaut malgré tout l'escale.

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