Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

04/06/2008

(This is our time) Obama, la victoire et la guerre

Il y a, bien sûr, une satisfaction évidente à voir s'accomplir ce soir à Saint-Paul, Minnesota, ce qui était annoncé depuis quelques semaines déjà dans la primaire américaine. Avec sa victoire dans le Montana et, à 23h00, près de 2,132 délégués comptabilisés contre 1,925 pour Hillary Clinton, Barack Obama dépasse le seuil requis des 2,118 délégués, passe une étape décisive et devient, par la même occasion, le premier candidat africain-américain à obtenir la nomination d'un grand parti dans l'élection présidentielle américaine.

"Evidente" est le mot, puisque l'annonce ce soir par CNN n'était plus, lorsqu'elle a été faite en début de soirée, de l'ordre de la surprise. Evidente, de fait, comme la confirmation d'un long processus dans lequel, inéluctablement, les faits finissent par confirmer l'appel. Evidente comme l'alchimie irrésistible de l'arithmétique et du verbe. Evidente, malgré la force de frappe, désormais prête à se déchaîner de la "Republican Noise Machine", comme une victoire annoncée en novembre, si du moins Barack Obama ne se fait pas descendre d'ici là (cette étrange et persistante appréhension parfois, en captant de-ci de-là les images de ses meetings à la télévision, qu'il prend à ces contacts autant d'énergie que de risques, et que le pire peut advenir à tout moment).

On était loin pourtant, dans l'immense stade de Saint-Paul, de l'autosatisfaction. Ce qu'a fait Barack Obama ce soir a été naturellement de célébrer sa victoire en soulignant, en premier lieu, le rôle de son épouse et de son équipe de campagne qui a, de fait, bâti une des organisations politiques parmi les plus performantes du genre au cours de ces dernières années. Cela a été bien sûr aussi de souligner l'apport positif d'Hillary Clinton au service du pays avec, un peu plus palpable dans l'air à la suite des tractations des derniers jours, l'esquisse d'une sortie honorable pour le sénateur de New York si elle venait à prendre la charge du dossier de l'assurance santé dans une future équipe gouvernementale.

Mais, pour ceux qui doutaient encore de sa lente mais sûre montée en puissance tout au long de la campagne du fait d'une sérénité affichée, doublée d'une honnêteté bien singulière en politique, qui finissait par donner à certains le sentiment d'une insuffisante combativité, ce qu'a surtout fait Barak Obama ce soir, à Saint-Paul, où se déroulera en septembre la convention républicaine, au milieu d'un stade bondé quand le candidat républicain peine tant de son côté à mobiliser autour de sa personne, - et en se payant même le luxe de lui rendre d'abord hommage à titre personnel pour ses états de service - c'est une véritable déclaration de guerre.

"America, this is our time !" lançait Obama ce soir avec force. Le commandant Mc Cain a beau avoir tenu bon lors de la guerre du Vietnam et s'efforcer de maintenir le cap de la guerre en Irak, la partie s'annonce plus difficile pour gagner, cette fois, la bataille de l'Amérique.

Commentaires

Olivier,

Si je comprends bien, le suspense n’est pas seulement politique. Il est aussi morbide…

Écrit par : Daniel | 08/06/2008

Non, on ne peut pas dire ça, je pense que c'est un biais personnel, une sorte de mauvais pressentiment que l'on essaie de conjurer tant bien que mal. Dans les medias parfois, le sujet affleure, mais de façon très retenue (sauf quand Hillary Clinton mentionna récemment l'assassinat de Bobby !) et plutôt sous l'angle de la protection exceptionnelle dont bénéficie Obama. Il faut aussi se souvenir que la femme de Colin Powell avait dissuadé ce dernier de se présenter lors d'un des derniers scrutins présidentiels à cause de la même crainte. Ce qui en jeu ici, au-delà de la vie d'Obama, c'est, surtout après les huit dernières années, l'identité de long terme des Etats-Unis, le message dont le pays est porteur, ce qu'il projette sur le monde - et en Amérique même d'ailleurs.

Écrit par : Olivier | 08/06/2008

Biais personnel, mauvais pressentiment ? Le sujet, même marginal, a été récurent depuis quelques semaines dans nos médias. On anticipe (espère ?) un prochain scénario pour Oliver Stone plutôt que de s'attarder sur des enjeux qui, au mieux, indifférent dans le canton, au pire, dépasse l'entendement du français lambda.
Tout le monde participe à ce penchant morbide qui, il faut l'avouer, serait une apothéose de la politique spectacle.

Écrit par : yann | 09/06/2008

Ah ? Je ne savais pas que le sujet occupait à ce point les medias français (plus le temps de regarder Le Monde quotidiennement !). Ici, c'est plus retenu, comme si à la violence extrême répondait toujours une pudeur extrême ; c'est même plus profond encore, comme un tabou, un noeud que la société américaine ne parvient pas à penser ouvertement. Obama est celui qui dénoue cela (cf le frontispice de l'Eglise d'Yvetot - quelque chose comme "tout ce qui noué sur la terre sera dénoué dans les cieux...", oui oui, on est en pleine religion...) et qui prend donc le risque que ce ne soit finalement pas supportable, à moins que l'effet, la poussée des jeunes générations ne l'emporte. Mais au fond, que les medias cultivent ce scenario catastrophe n'a rien d'étonnant, car y a-t-il encore une histoire, un suspens dans cette élection ? Il va falloir tenir jusqu'en novembre tout de même et, sur ce sujet comme sur d'autres, la machine à mots n'a que faire du réel. Le Français lambda comme tu dis est-il pour autant largué ? Pas sûr, mon impression était qu'Obama suscitait un minimum de sympathie, donc forcément un peu d'adhésion à son projet ou à sa posture politique, non ?

Écrit par : Olivier | 10/06/2008

Qu'il suscite de la sympathie dans le Caux central et ailleurs, nul doute!
Une adhésion à son projet ou à sa posture politique, c'est moins évident. Il faudrait pour cela, qu'ils fassent l'objet d'une information au 20h00.
La sympathie à l'égard d'Obama est inversement proportionnelle à l'antipathie à l'encontre de Bush ; avec, sur le sujet, des médias qui ont largement contribué à façonner l'opinion sans que cela n'interpelle outre mesure.
Yann

Écrit par : yann | 11/06/2008

Il semblerait qu' aux Usa , la couleur de peau ait été moins thinkable que le fait qu' Hillary Clinton soit une femme , du moins lors de l'interminable lutte de ces deux candidats démocrates ? mais pour un pays quasiment érigé sur les profits économiques générés par l'esclavage et où les lois racistes sur l'éducation, la santé et le logement étaient encore en vigueur à la naissance d'Obama , il est probable qu'il ne soit qu'occulté , vous qui vivez là-bas , j'aimerai connaître votre avis là dessus, si vous le voulez bien.

Écrit par : mathilde | 04/07/2008

Mathilde, merci pour votre commentaire, mais je ne suis pas sûr de bien comprendre votre question. L'Amérique est-elle encore un pays raciste ? Par bien des côtés, oui, c'est encore le cas (mais j'ai du mal à penser que nous en serions, nous, exempts)... et par d'autres, c'est un continent extraordinairement multiculturel et ouvert sur le monde ! La race a-t-elle été par ailleurs un élément occulté pendant la campagne ? Non, à certains moments, le sujet, notamment à l'initiative de Bill et de l'équipe Clinton, a été abordé de front d'une façon qui a pu choquer, d'ailleurs : les uns parce que cela paraissait trop agressif par rapport à un certain statu quo social, les autres parce que l'ethnie d'Obama (les ethnies !) paraissait faire écran à toute critique de sa personne ou de son programme. En tout cas, le défi qu'est en passe de réussir Obama est bien de transcender le facteur racial. Tant mieux !

Écrit par : Olivier | 08/07/2008

Merci de m'avoir répondu . Effectivement si Obama (et l' Amérique) réussissent à transcender le facteur racial , ce sera énorme !
A bientôt

Écrit par : mathilde | 08/07/2008

Takk fyrir ahugaverdar upplysingar

Écrit par : brurfaboomy | 01/06/2011

Les commentaires sont fermés.