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17/05/2010

Balthazar, un zoo art déco à Soho

Qu'importe la célébration, pourvu qu'on ait l'ambiance. Ce pourrait être la devise du Balthazar, dont la façade élégante et discrète fait l'angle entre Spring et Crosby Street, au beau milieu de Soho. C'est dire que la brasserie style frenchy années trente ouverte par Keith MacNally il y a une quinzaine d'années capte un peu des vibrations électriques du quartier.

On y retrouve du coup sans suprise une faune bariolée associant midinettes de sortie, business people venus du Financial District, tables familiales, dîners en amoureux ou réunions amicales. Du vieux bar tout en longueur jusqu'au fond de la salle et du bar à huîtres jusqu'à l'entrée prise d'assaut, c'est bruyant mais chaleureux, comme une Coupole dont on aurait resserré les murs, patiné les miroirs et adouci l'éclairage.

Aux fourneaux, Riad Nasr et Lee Hanson n'ont pas fait Harvard mais connaissent le credo : pas de stratégie gagnante sans excellence dans l'exécution. La cuisine, classique, est sérieuse et juste. Le crémant d'Alsace fait une très honnête attaque, vive, avec de la tenue. Suivent une frisée (sans caractère) et une assiette de grosses crevettes accompagnée du pain-beurre renommé de la boulangerie maison, qui fait d'ailleurs boutique à part côté Spring.

Un maître d'hôtel qui effraie le bébé par inadvertance et se rattrape en chantonant une comptine tout en recommandant le plat du jour avec sincérité ne peut pas être un type antipathique, surtout après qu'on a goûté au plat du jour en question. Suivez donc la reco et, si c'est samedi, optez pour les ribs. Un délice, cuisson lente, fondant à souhait (qui rappelle l'agneau confit du couscous de Port Royal : cette qualité de fondu ne se trouve qu'assez rarement), servi avec une bonne purée maison et deux ou trois légumes qu'on avait sous la main, histoire de.

Un verre de Gigondas, un autre de Corsica - dégustation préalable et, de nouveau, une recommandation carrée qui fait mouche sans ciller. Au dessert, profiterolles et tartelette rhubarbe-fraises. Un service précis, gentil et bien rythmé. Ici, on vient pour voir, on repart en habitué. Ça sent la cantine. Un déca, l'addition. Rien à redire.

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Balthazar, 80 Spring Street. Environ $220 pour ce dîner à deux, pourboire inclus. Note : 15/20

25/01/2009

Inauguration Day, au Docks (PS) Si par une nuit d'hiver... (le homard et la palourde)

12 est une note honorable sanctionnant un bon dîner qui, dans le cas du Docks, a souffert davantage d'une exigence poussée en matière de cuisine italienne que d'une faiblesse intrinsèque - le pour-soi de l'en-soi, en quelque sorte : ce n'est pas la pâte en soi (pas plus que la palourde) qui font question, c'est l'idiosyncrasie du goûteur.

Sur ce, rien de tel que de repasser furtivement le soir suivant au lieu dit pour vérifier la première impression. Faire simple. Un lobster roll, sorte de sandwich ouvert, composé d'une farce fraîche de homard et de concombre notamment, est un délice. Il est accompagné de French fries, qui faisaient encore récemment débat au bar en question - la décision du Congrès de les rebaptiser en Freedom fries le lendemain du discours de Villepin à l'ONU reste encore dans les mémoires à New York comme une sorte de cauchemar conjugué de l'intelligence et de l'humanisme.

Passons. La bouteille de Ketchup est inévitable, mais elle est ici aussi culturellement nécessaire que gastronomiquement superflue. Une Samuel Adams fera très bien l'affaire. L'endroit se confirme comme une adresse plus que respectable, aussi amicale au comptoir que familiale en salle - on vient en particulier y déguster de généreux homards, ou bien des Saint Jacques du Maine. Un petit côté Art déco à la fois sobre et soigné. Et une francophilie indéniable, qui transparaît à travers de belles affiches des années trente, l'une, la "Quinzaine du poisson", annonçant une exposition au Grand Palais (janvier-février 1933) sponsorisée par le Musée de la marine, l'autre faisant la promotion d'une association de pêcheurs - toutes deux en français.

Cette collation tourne autour d'une trentaine de dollars et tire le 12 vers le 14, sans hésitation, aussi bien pour la qualité de la cuisine (une cuisine sharp, dont il faut encore souligner l'économie de moyens, assez singulière aux Etats-Unis où il faut souvent montrer autant que faire) que pour le décor à la fois public et intimiste, ou encore l'ambiance chaleureuse.

Une adresse qui s'impose pour le dîner léger en celibataire d'un dimanche d'hiver et de travail, quand New York se laisse peu à peu envelopper d'une neige doucement envahissante - festive sur Broadway, presque immaculée sur West End, féérique sur Riverside, à deux pas de l'Hudson River dont on distingue à peine les flots dans le halo que forment les nuées de flocons devant les lumières du New Jersey. Obama évoquait ce dimanche depuis Baltimore, en route vers Washington, les temps difficiles qui attendent les Américains, sur les écrans de CNN, Wall Street s'enfonce un peu plus dans la crise. Mais c'est comme si cette neige, dans un climat froid qui se stabilise en douceur autour de zéro, redonnait à tout cela l'allure festive, rassurante, miraculeuse des nouveaux départs.
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Un autre soir, un dîner de retrouvailles (il a planché communication en Angleterre, elle lingerie à Hong-Kong). Une table parfaite, côté restaurant, surplombant le bar et la brasserie. Ambiance à la fois chaleureuse et calme, en milieu de soirée. Un Manhattan roll (tempura de crevettes, avocat, riz, assaisonnements divers) pour deux, et homard puttanesca - une merveille -, le tout accompagné d'une bouteille de Fumé blanc californien. Ni dessert, ni café. Un incontestable 14 qui confirme définitivement une adresse de référence dans ce quartier. Compter cette fois aux alentours de 130$ pour deux, pourboire inclus.