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10/12/2006

Go West (sur le documentaire de J-M Meurice)

Redécouvert aujourd'hui avec bonheur (le premier soir, je m'étais endormi...) sur Arte "Amérique, notre histoire", le documentaire enlevé et efficace de Jean-Michel Meurice (2006), avec les commentaires de Jim Harrison et Russel Banks, entre les apparitions der John Wayne et de Gary Grant. Ou comment, avec Griffith, Kazan, Chaplin, l'Amérique se donne à voir depuis plus d'un siècle à travers les superproductions d'Hollywood s'emparant de l'imaginaire américain. Guerres et conquêtes, industrie et politique, puissances et dépressions - "rien n'est plus convaincant que les images" (Harrison) - pour incarner au début du siècle l'essor du monde des affaires. Un monde - voyez Ford - qui tente de résoudre la contradiction originelle entre esclavage et démocratie à travers la dynamique du capitalisme, porteuse d'une société ouverte.

Un monde aussi qui, en se transformant à grande échelle depuis les acieries de Carnegie à Pittsburgh au confluent de la Monongahela et de l'Allegheny (à deux pas de mon futur home : quittez la métallurgie...), s'impose comme le nouveau centre. C'est à ce moment, semble-t-il, que l'Amérique a commencé de se représenter, par opposition aux ténèbres montantes en Europe (que donne à voir Griffith dans "La vie n'est-elle pas merveilleuse ?"), comme le pays de la lumière ayant vocation à sauver le monde ("save the world from itself"). Même s'il a été d'abord, du moins dans le monde rural, plutôt favorable au nazisme pendant la décennie qui a précédé la Guerre. C'est que l'Amérique, qui se représente elle-même comme un homme, serait a priori plus sensible au "Vaterland" qu'à la "Mère patrie" française, avance Russel Banks, dans une sorte de géopsychanalyse d'un nouveau type.

Rideau sur une imagerie de la conquête qui se retourne sur lui-même dans une sorte "d'auto-colonisation" marchande de sa propre société - un enfant sur trois, souligne Harrison, ayant une télé dans sa chambre qu'il regarde en moyenne trois heures par jour. J'ai fait l'expérience l'autre jour : pour un film regardé aux Etats-Unis, doublez à peu près le temps de diffusion, il faut bien caser la pub quelque part (sept minutes toutes les onze minutes en moyenne). Eprouvant. Surtout au moment où Braveheart, complètement halluciné, s'apprête à aller dérouiller les Anglais avec une bande de gueux sortis des fins fonds de l'Ecosse. Et, entre un Coca et une BM, ça marche, en plus.