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06/01/2007

Mon émission préférée (1) Les chiffres

Les atteintes aux personnes ont augmenté de 13% entre 2001 et 2005 ; 7 emplois ont été créés en un an à la Courneuve contre 500 promis ; le nombre moyen de spermatozoïdes a diminué de moitié en 50 ans ; il y aurait en France 50 000 personnes sans papiers ; les Américains consomment 600 litres d'eau par jour en moyenne, contre 300 pour les Européens et 20 pour les Africains; 96% des cours d'eau et 61% des nappes phréatiques contiennent des pesticides ; on retrouve couramment les traces de 400 polluants chimiques dans les gênes des nouveaux-nés; une femme sur trois serait atteinte d'un cancer, ou risquerait de l'être ; il n'y aura plus de poissons comestibles à pêcher en 2048; le char Leclerc peut atteindre 90 km/h ; les enfants de moins de 12 ans représentent 1/3 des victimes de la guerre au Liban ; les dégâts matériels de la guerre sont évalués dans ce pays à 2,5 milliards de dollars...

Le coût de base pour faire exploser un avion en vol est estimé à 35 dollars ; Natacha Kampush est restée retenue 8 ans dans une pièce de 6 m2 ; Fuckzilla, le sexe du futur, dont la présentation a été faite à San Francisco cette année, est relié à un appareillage de 2,3 mètres de hauteur ; 70% des 40 000 personnes qui ont déblayé les décombres du World Trade Center sont aujourd'hui atteints de graves problèmes de santé ; 73 personnes sont décédées dans un stade aux Philippines suite à un mouvement de panique déclenché par la rumeur d'une bombe; 1/3 des Américains ne savent pas dire en quelle année ont eu lieu les attentats du 11 septembre ; sur une échelle de 1 à 5, la menace terroriste est évaluée aujourd'hui en France à 4 ; 83% de personnes sondées à L'arène de France pensent qu'une femme peut diriger la France ; ancien combattant des forces françaises d'Afrique du Nord, Omar touche 39 euros par mois pour sa pension militaire contre 700 pour une pension normale ; la France a aujourd'hui le même nombre de magistrats qu'au XIXe siècle, quand le pays comptait 30 millions d'habitants...

20 journalistes ont été assassinés depuis l'arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine ; 25 000 personnes meurent de faim et de pauvreté chaque jour, soit plus de 9 millions de morts par an dont 6 millions d'enfants de moins de 5 ans, et 840 millions de personnes sont sous-alimentées, tandis que la production agricole mondiale permettrait de nourrir 12 milliards de personnes à 2700 calories / jour ; on a recensé, en 2005, 87000 émeutes dans les campagnes chinoises, la plupart réprimées dans le sang ; on compte 2,5 millions de réfugiés au Darfour; pour une distance totale parcourue de 200 000 km au cours de sa durée de vie, une voiture produit 44 tonnes de CO2 (soit le volume de six Arc de triomphe) ; le record de vitesse en automobile est de 529 km/h...

Le rapport Stern estime qu'il faudrait investir 275 milliards de dollars dans les 10 prochaines années dans la protection de l'environnement pour éviter un coût à l'économie mondiale de 5500 milliards d'euros (soit l'équivalent de 20 fois le budget de la France), et quelque 200 millions de réfugiés touchés par les effets du réchauffement climatique, notamment les inondations; 7 millions de personnes vivent en dessous de seuil de pauvreté avec 788 euros par mois en France aujourd'hui, 10% des ménages perçoivent moins de 800 euros, 10% plus de 2663 euros par mois ; à fin novembre, 26 % des Français se déclarent d'accord avec les idées de Jean-Marie Lepen...

Le coût de la guerre en Irak était évalué, fin 2006, à 350 milliards de dollars et aurait déjà entraîné 650 000 victimes côté irakien ; en dix ans, Nicolas Sarkozy est passé 4200 fois à la télévision ; près de 250 millions de personnes reçoivent France 24 ; 89 % de téléspectateurs belges ont crû à la séparation de la Belgique ; le montant des impôts sur le revenu en France est de 54 milliards d'euros ; une personne riche quitte la France chaque jour, ce qui représente un manque à gagner pour les finances publiques de 11 milliards d'euros, l'équivalent du déficit de la sécurité sociale; Jacques Chirac détiendrait un compte de 300 millions de francs au Japon. (A suivre)

The Last Show (dernière séance à l'Escurial)

Cela faisait un bail que nous n'étions passés à l'Escurial, pourtant juste en face - un crime, réparé l'autre soir au débotté, sur une intuition de passage en redescendant Port Royal. Il en va ainsi des départs proches qui nous font, une dernière fois, reprendre le chemin des lieux que nous avons aimés. Et des affiches aux airs de clin d'oeil.

D'un premier plan qu'on dirait sorti tout droit de Nighthawks, "The Last Show" nous plonge d'entrée de jeu au coeur du Midwest, le temps de la dernière représentation d'une émission radiophonique populaire, inspirée de la très réelle "Prairie Home Companion" qui tint la vedette (et ça continue, nous rappelaient Zoe et Jerry l'autre soir) une trentaine d'années depuis Saint-Paul, au fin fond du Minnesota, entre airs de country et réclames en tous genres, toutes aussi abracadabrantes les unes que les autres (essayez voir de prononcer le "Piscacadawadaquoddymogin", nom d'une marque de boisson à base d'herbe de bison, sponsor de l'émission, et qui suggère en effet son effervescence avec justesse). Quelque part entre le terroir perdu de "Fargo" et les harmoniques entraînantes de "O Brother".

Représentation en effet car, sous la houlette impassible de GK, l'animateur vedette, l'émission se déroule sur la scène du Fitzgerald Theater, face au public du coin, venu nombreux ce soir-là pour la dernière séance. Un affairiste texan (Tommy Lee Jones) se propose de tomber le rideau de ce théâtre d'une autre époque, qui résiste autant aux préceptes du business qu'aux canons de la mode, bref, de faire entrer ce monde qui ne veut pas passer dans l'ère des parkings.

Entre coulisses et plateau, vieux routiers et adolescentes perdues, on s'entrecroise, on s'agite, on fredonne les souvenirs, on fricotte entre deux décors, on improvise, on couine, on chuinte ! on pousse la chansonnette avec les Johnson Sisters (Meryl Streep y met du coeur, dans un mélo de ménagères), on égrène des blagues de pâturages, vaseuses à point, quand on ne règle pas ses comptes par antenne interposée (un grand moment de philosophie, à faire palir Clément Rosset, que ce : "Dusty, t'es tellement con qu'on dirait que t'es deux"). Tout cela sous l'oeil névrotique de Guy Noir, le détective du coin, impeccable de décalage, comme un Guy Marchand égaré dans le Cornbelt - et d'une mystérieuse femme de passage qui préside, tel un ange, à ces derniers instants d'éternité.

Film testament de Robert Altman, cette dernière séance, intimiste et drôle, est un salutaire hommage rendu aux spectacles improbables, faits de bric et de broc, habités de la vie qu'ils échouent à contenir dans toute son exubérante créativité - on se redit qu'elle est bien un miracle (sans les trompettes, mais avec ce qu'il faut de vieux tweed) -, loin du monde comme il va, indifférente aux modes, étrangère aux standards de la bien-pensance.

Un hommage festif et réjouissant à l'art vivant d'une époque pionnière qui n'a pas renoncé à exister pour sa vérité, celle d'une parcelle d'humanité poursuivant sa route - ou s'est-elle arrêtée quelque part dans les années 50 ? - à l'abri des voix familières et des rêveries éternelles. De quoi vous faire aimer l'Amérique profonde.